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 ❝ Never regret thy fall, O Icarus of the fearless flight. For the greatest tragedy of them all is never to feel the burning light. ❞

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Bilàl Milošević
Age : 38 ans.
Origines : Serbo-croates.
Métier : Haut-juge à l'immigration.
Indulgences : 1848
Localisation : Migdal tower.
Avatar : Fassy Fapy
Souvenirs : 527
Double compte : Huxley Rezh

Your identity
Situation: Marié.
Croyances: Lunatiques.
Classe de naissance: Immigrant.

Bilàl Milošević
HIGH GROUND - Order

❝ Never regret thy fall, O Icarus of the fearless flight. For the greatest tragedy of them all is never to feel the burning light. ❞ Empty
MessageSujet: ❝ Never regret thy fall, O Icarus of the fearless flight. For the greatest tragedy of them all is never to feel the burning light. ❞   ❝ Never regret thy fall, O Icarus of the fearless flight. For the greatest tragedy of them all is never to feel the burning light. ❞ EmptySam 18 Oct - 19:47

Bilàl joakim Milošević
Lamb of God, who takes away the sins of the world, have mercy upon us



Papers please
Nom complet :
Inconnu. Patronymes définit après l'entrée au dôme.
Âge :
Estimé à 38 ans.
Statut :
Marié à la petite-fille d'un conseiller du Chancelier.
Nationalité :
Probablement serbo-croate. Immigré au dôme.
Groupe & Rang :
High Ground - We are order.
Métier :
Haut-juge à l'immigration.


   Depuis quand résidez-vous au dôme ?
La première fois que je l’ai vu, je devais avoir aux alentours de sept ans. Une carcasse luisante à l’horizon, un point de brillance aveuglante qui m’a fait cligner des paupières et détourner le regard. J’ai serré plus fort la main de cette femme qui avait choisit de porter le dur fardeau d’une bouche à nourrir dans un monde qui n’attend que de vous dévorer pour en recracher les déchets. Des déchets, ceux d’une humanité à la dérive qui s’entassaient aux portes de ce monstre d’acier. Un animal en hibernation, ni mort ni vivant, baignant dans ses propres immondices pour survivre. Roulé en boule, retranché sur les rives de ce lac immense comme les vieux éléphants s’abreuvent avant d’emprunter l’ultime chemin. Le dôme était le bout de la route pour moi, le cimetière de métal dans lequel ma jeune carcasse allait reposer. Sept années d’errance, j’étais venu ici pour en finir avec la souffrance. J’ai levé la tête vers celle que j’appendrais à appeler mère puis j’ai regardé la lumière à m’en brûler les yeux. Ce n’était que le commencement.
   Que pensez-vous du Dôme ?
Le dôme est l’humanité. Ce message qui endort et rassure les conscience, rengaine doucereuse cachant pourtant une autre lecture. Oui, le dôme est l’humanité dans toute sa diversité et sa grandeur. Cruelle froideur avide de pouvoir, mécanique intelligente. Le dôme a la passion humaine, l’âme aux affres de la mortalité qui le poussent à chercher la mascarade qui le fera réchapper à sa fin. Il n’a rien apprit et fait tout comme ses ancêtres, mimétisme parfait de ceux qui l’ont forcé à naitre du chaos. Le dôme est l’humanité, entité obsédée par sa pérennité et qui ne reculera devant rien pour la réussite de cette entreprise. Il piétinera femmes et enfants, égoïste créature menant sa survie en se fichant des dommages collatéraux. Je serais de ces dommages collatéraux ; si je n’hésiterai pas à détruire le dôme pour mes propres intérêts.
   Quelle est votre mission au sein de la communauté ?
Étrange histoire que le complexe de celui capable d’abaisser le pouce face à celui qui lui est pourtant identique. Révoltant sentiment que d’être jugé avec fermeté par un homme qui a partagé au moins la moitié de vos malheurs si ce n’est plus. Lorsque Middas m’a obtenu cette position de Haut-juge à l’immigration, il l’a fait comme dans l’intimité d’un cadeau personnel. Il y a ajouté quelques mots d’humour et je me rappelle aussi en avoir sourit. Un immigré en jugeant d’autres, cela ferait rapidement le tour du dôme et ne manquerait pas de faire grincer les dents de quelques révolutionnaires. Mais je sais que sous l’apparente innocence de ce cadeau empoisonné il y avait bien plus, le symbole de ce monde que nous voulions créer. J’étais le bourreau, celui à haïr, l’objet de toutes les Némésis et une fois encore je me salirai les mains pour le bien de ceux d’Olympus, pour le bien de Middas. Cela m’était égal, j’étais au sommet, là où la lumière du soleil irradie les derniers étages de la tour. Maintenant ma tour. Mes mots valeur d’ordre, tout pouvoir sur les âmes qui entrent et sortent du dôme. Le sésame ou l’exil d’un claquement de mes doigts. Je me suis brûlé les ailes, caricature démoniaque dessinée à la craie sur les murs du quartier pourrit où j’ai grandit. De Bilàl l’immigré à Mr Milošević. A Cerberus Hall ils m’appellent le traitre, le vendu. Cela m’est égal, il me suffit de remonter mon col de costard sur mon numéro d’immigré pour oublier.
   Croyez-vous au Dôme et à l'Animus Vox ?
L’acte de croire emmène bien des vérités dans son sillage. Il en coule d’autres parfois, celles que l’on préfère omettre au profit de la doctrine inculquée, contée dans le livre de chevet de tout bon survivant bien en rang. Mais la vérité n’est pas écrite dans les livres, ceux qui tombent en miettes dans les archives jalousement gardées de l’Animus Vox. La vérité c’est l’expérience, celle que l’on peut sentir du tremblement de ses doigts jusqu’au manque d’oxygène dans ses poumons. L’adrénaline m’a apprit à croire, m’a éduqué à la connaissance de ma personne en en frôlant les limites. Elle m’a rendu fervent de ma propre religion, celle où l’objet de culte est la confiance en ma personne. Il n’y a pas de place pour les concepts nébuleux, juste les faits et les actes. Malgré lui le dôme m’a fait croire en moi, petit immigré insignifiant pourtant arrivé tout en haut. La foi ne déplace pas des montagnes et ne fait pas de miracles, la malice et la capacité d’adaptation oui. La propension à tout sacrifier pour l’ambition, croire en la perte de ses principes pour une bonne cause, la blanche colombe qui se roule d’elle-même dans le sang. Je ne crois pas en cette carcasse de métal vide en perdition, je crois en l’homme qui fait l’homme, au déterminisme individuel de tout un chacun. Je serais de ces fous qui ont l’espoir de l’égalité, ceux qui se maquillent le visage de rouge si je n’étais pourtant pas persuadé du bien fondé de mes actions injustes. Un nouvel ordre est possible, mais il peut se passer de l’obscurantisme de l’Animus Vox qui contrôle pour obtenir l’amour factice de ces foules d’imbéciles. Je crois au pouvoir pour le pouvoir, la main de fer qui terrifie pour le meilleur et lutte contre le pire. Par-dessus tout, je crois en moi. Et si croire en tout cela, prétendre publiquement le visage du fervent prolonge ma survie et mon ascension, alors je le ferais.
   Que pensez-vous de l'extérieur ?
L’extérieur est ce que j’en ai gardé : une image éthérée et fiévreuse, un paysage qu’il m’est impossible de dire s’il est le résultat de mon imagination ou d’un souvenir. Une affabulation que j’ai transformé avec le temps, des histoires que l’enfant que j’étais a légèrement romancé pour que les yeux des autres enfants s’agrandissent encore avec admiration. L’extérieur, ce que j’en vois depuis le haut de ma tour est d’une beauté mortelle. Le grand hiver blanc, les montagnes perçant le lointain, figé dans un globe de verre mais c’est pourtant moi qui suit enfermé comme une relique d'un temps révolu. L'avenir est à l’intérieur, plus rien ne m’attend là-bas, pas même mon passé. Je suis né dans des terres dont j’ai oublié le nom, de parents que je n’ai jamais vu. J’ai grandit sur la route, celle qui relie l’océan à la Sibérie. L’océan, le seul souvenir dont la véracité me semble indéniable. Ma vie est au dôme, l’amnésie partielle de cette partie de mon enfance ne pèse pas suffisamment dans la balance pour détourner l’adulte que je suis devenu d’un embrun de mélancolie. L’extérieur n’est pas digne de mes considérations au-delà de mon seul plaisir à sa contemplation par mes fenêtres. Il y a bien trop à faire dans cette prison d’acier pour perdre de l’énergie à dompter ceux qui ont choisit ce mode de vie sauvage.

the worst bitch in town
There's still something of heaven in the smile of the fallen

Cœur spongieux derrière un sourire camouflage, faciès aux masques prérequis qui facilement s'y apposent. Sentiments mousseux déferlant, rapidement maitrisés derrière des traits neutres dont la ligne d’horizon ne donne l’ombre d’aucune pensée profonde. Perfection du geste, simplicité de son interprétation pour un décryptage impossible de ses véritables intentions. C’est un art que tu manie avec dextérité que celui du mensonge. La faculté de dire l’inverse de ce que tu pense, la science compliquée des apparences. Passions contenues, le démon lui-même possédé par une tranquillité divine. La capacité d’adaptation d’un animal social, celui que le prédateur de la bienséance n’attrape jamais, le survivant ultime à la doctrine. Mais le temps y a fait, les échecs de Bilàl l’immigré avant de devenir Mr Milošević. Milošević, ce nom que t’avais donné le préposé à l’immigration, complexe calligraphie choisie avec dédain expressément pour te compliquer la vie. Tu lui as sourit et tu lui as dit merci de t’avoir donné un patronyme auquel répondre. C’est de son air ahuri que tu as compris pour la première fois quelque chose : l’indifférence vaut mieux que tout autre sentiment. Le calme statuaire, le même que celui qui t’as à peine fait froncer les sourcils lorsqu’ils ont marqué ta peau d’une série de numéros indélébiles et injustes. Indifférence, pour survivre il te suffisait de tout considérer sans importance. La mort de ta mère d’adoption, la tienne, les coups octroyés pour tes entorses aux règles, les chutes du haut des murs que tu escaladais sans cesse. Rien n’avait d’intérêt pour toi avant Ellie. Oui les premières fois, celles que l’on dit sans impact mais dont tu te souviens pourtant le plus. Sa petite main boudeuse dans la tienne te suppliant de participer aux jeux des autres enfants, tes doigts aventureux dans sa tignasse et ses lèvres adolescentes maladroites sur ta peau. Elle a été la seconde révélation, celle qui a donné un but à tes escalades, une justification à troubler ton indolence. Une raison indéniable à ta perte.

Les premières fois, comme celle où tu as enroulé une écharpe autour de ton cou pour masquer le parjure. Celle ou tu as commencé à regarder un peu plus haut que de raison vers le sommet. Il y a quelque chose de conscient dans la manière dont tu t’es construit, des fondations peut-être un peu malsaines : l’inconscient accorde au moins le droit à l’erreur. Et pourtant ton évolution t’as semblé si naturelle, pareil à un ver découvrant qu’il peut devenir un papillon s’il travaille dur à l’érection de son cocon. Intelligence d’adaptation, tu as déduit que gravir les échelons était la solution. Et cette échelle de l’impossible tu la gravirais avec elle, promesse immature à un futur d’adultes supposément réalistes. Mais terre à terre tu ne l’as jamais été, l’esprit à rattraper dans les airs, dans le fond tu es cet idéaliste dont tu te défend. La première et dernière fois, celle où l’on t’as brisé le cœur. Celui d’un enfant pour toujours, suffisamment en miettes pour en récolter une réaction tout aussi infantile. La vengeance, l’amère rancune, un être capricieux qui ne veut paradoxalement pas se plier aux lois du monde qu’il mimique. De ton indifférence est née le dédain, de ton amour la haine. Triste gâchis d’un être fait pour tant de sentiments, générosité sensitive mise à la porte et sous clé, retour aux sources d'une fausse indifférence. Ta propension à l’émerveillement le plus innocent tu l’as troqué contre les calculs et les intrigues les plus compliquées. Tu as eu l’insolence de te faire entendre, le courage de passer pour l’énergumène plus bête que ce que tu es pour attirer l’attention. Tu ne recule devant rien et c’est ce qui lentement a rongé le meilleur de toi-même. Lorsque tu as commis l’irréparable, cette autre première et dernière fois, tu es devenu ce Mr impétueux, impérial. Ce Mr respecté, ce Mr polémiqué auquel répond un meurtrier.

Oui tu as gagné, oui tu as mérité ta métamorphose. Mais dis-moi, est-ce que cela en valait la peine ? Lorsque pour la première fois tu as pu observer le soleil au sommet de la tour, trop aveuglant pour tes yeux habitués aux ténèbres et que tes ailes s’en sont calcinées, en as-tu frémis ? Toi qui comme Icare t’es laissé gouverner par tes certitudes égoïstes, j’espère que tu appréciera le spectacle de ta chute. Car pour un roi sans sa reine promise, le règne de ton royaume éphémère se soldera dans le sang. Cœur spongieux derrière la froideur du marbre, on ne change jamais vraiment. Et dans la rythmique parfaite de tes illusions, seul un homme tout aussi déchu saura déceler la musique du requiem hurlant de ton âme. Miroir miroir, qu'il est douloureux de se regarder en face. Bilàl est un parfait menteur, mais Bilàl ne peut se mentir à lui-même.

Without you I'm nothing
The worst things are made with love




Nous faisons tous des choix. Mais à la fin ce sont nos choix qui nous font. On ne garde que l’aboutissement des choses, le commencement n’a pas d’importance quand c’est son dénouement qui nous marque le plus et qui prévaut. La route aussi sinueuse soit-elle ne peut se mesurer à l’apothéose du dernier acte. Et s’il convient de raconter les faits dans leur chronologie logique ma vie ne s’est jamais définie que par l’autre bout. Le futur, la réalisation par l’ambition, tout ce qui vient en dernier. Il est plus facile de procéder ainsi, remonter le temps, descendre lentement les marches vers les ténèbres. Inverse ascensionnelle, en chute libre l’histoire se déroule dans un tourbillon inversé. La spirale s’enroule et se déroule, je renais par la fin.

Et la fin pour moi c’est un goût de poudre, la froideur métallique qui se mêle à la chaleur humide. L’objet semble fait pour s’introduire ainsi entre mes dents, d’une simplicité qui en est terrifiante. Le goût âpre de la fumée qui s’en échappe encore me fait tousser, des larmes abondantes rajoutent à ce tableau pitoyable. Je connais l’odeur du sang et pourtant sa saturation dans l’air me donne la nausée. Il se répand jusqu’à mes pieds, le bout de mes chaussures en dérapent doucement. Je suis resté figé dans mon geste, le doigt toujours sur la gâchette mais cette fois le pistolet dans la bouche. J’ignore quelle partie de mon être a été capable de ce sabotage, quelle portion infime de ma conscience n’assume pas jusqu’au bout. Le vieil homme gît à mes pieds, fauché par une balle en travers de la mâchoire. Le poids de son gros corps l’a fait glisser de son fauteuil, il n’a même pas cherché à se débattre comme s’il connaissait la signification de cette arme d’un autre âge braquée sur sa personne. La pièce saturée par les sons, des bruits harmonieux que je ne connais pas et dont la poignante et hurlante mélodie me transperce de part en part. Ma main tremble sur l’arme, tout mon corps secoué de la tête aux pieds. Avec un gémissement je parviens à retirer le canon de ma bouche et par-dessus les halètements je n’entends même pas les pas qui se rapprochent. Mon regard s’est figé sur la grande baie vitrée, sur la ligne orangée qui s’enflamme à l’horizon. Le jour se lève aussi brusquement que la nuit meurt. La beauté du spectacle est presque irréelle, tout comme l’est la signification de mes actes, la contemplation de ce à quoi j’ai choisis d’en être réduit. La mélodie s’est arrêtée et mes larmes en ont cessé, comme si cette musique inconnue était seule coupable de mon état d’âme. La lumière m’irradie et m’enveloppe, cela a quelque chose de solennel. Bientôt elle en devient aveuglante, je vois pour la première fois de ma vie. La main de Middas s’est posée sur mon épaule, un contact qui n’a rien de réconfortant. « Bilàl. » Appelle-t-il pourtant doucement. Mes doigts se sont détendus sur le pistolet. Le barillet je le sais, est déjà vide. « Bienvenue dans la tour, Mr Milošević. » J'ai tué un homme aujourd'hui, avec la dernière balle de l'humanité.

Oui nos choix définissent ce que nous sommes. La mort, une finalité qui n’était pas destinée à être la mienne, pas encore. Immigré en bas de l’échelle, malmené par un système injuste qui ne laissait pas même les plus méritants traverser le plafond de verre. J'ai choisis un autre chemin pour atteindre des sommets plus cléments. Cette voie incluait le meurtre, et je l’ai prise sans même y réfléchir deux fois.

Le coup résonne dans tout mon crâne, mes os et mes chairs malmenées tentent de résister face à l’impact. Une deuxième attaque me fait cette fois chavirer le corps, les liens fermement serrés sur mes bras m’empêchent de tomber de la chaise. « Réponds sale chien ! Qu’est-ce que tu foutais à Elysium ! » Un troisième coup de poing pour la forme et je crache du sang sur le sol pour toute réponse. « Tu vas parler oui connard ! » Son collègue, un peu plus intelligent, lui retint cette fois le bras. « T’as qu’à lire son numéro, si on peut avoir sa famille en plus à notre petite fête il parlera peut-être. » Un grognement sourd sort du fond de ma gorge, je me débats violemment lorsque les deux hommes m’attrapent à la gorge et me maitrisent comme un vulgaire animal domestiqué. « Bilàl, 23 ans, ouvrier sur les lignes à haute tension pour le département électricité. Le lecteur dit qu’il a pas d’famille ce con, pourrit-le ! Y’a bien un autre dossier qu’est affilié à sa tronche mais c’est pas touche, c’t’une membre de l’ordre maintenant. » La brute soupira. « Ces saloperies d'immigrés, ça rejoint l'ordre et ça devient intouchable. On devrait interdire même l'entrée de nos églises à ces enfants de putains. » A la mention d’Ellie, l’adrénaline ne fit qu’un tour dans mes nerfs. « Ben alors mon beau, t’as plus envie de me frapper ? Aller, cogner un type attaché c’est tellement drôle ! » Accompagné d’un cracha en leur direction, il n’en faut pas plus pour que son poing s’écrase sur mon visage à m’en faire voir les étoiles. Le gout ferreux sur le bout de la langue, j’attend la suite mais celle-ci est abrégée de quelques mots. « Mr Leonov ?! » Je peine à relever la tête vers le nouvel arrivant, un aristo sujet de quelques messes basses même à Cerberus Hall. L’homme balaya la pièce du regard avant que ses yeux froids ne se posent sur moi, le déchet insignifiant en mauvaise posture. Il se baissa légèrement à ma hauteur et je cru discerner un sourire sur ses lèvres fines. L’un des miliciens cru bon de préciser : « On l’a trouvé à Elysium, il fouinait dans la zone interdite. Du coup on l’a ramené ici pour l’interroger ! –Et l’avez-vous fouillé ? – Fouiller le prisonnier Monsieur Leonov ? » L’homme soupira. « Sortez. –Mais Monsieur…–Dehors. » Les soldats échangèrent une grimace avant de s’éclipser. L’homme attrapa le lecteur qui affichait toujours mon dossier d’immigré, le consulta puis fixa de nouveaux ses yeux bleus dans les miens. Il paraissait plus vieux de peu d’années, mais quelque chose en lui inspirait le respect. « Qu’est-ce que tu cherchais là-bas ? » Le détachement et l’absence d’animosité, un timbre de voix qui m’incita à répondre cette fois-ci. « Je cherchais un moyen. – Un moyen pour ? » Je me mordis les lèvres, prenant une inspiration. « Pour atteindre le sommet de la tour. » Il marqua un temps de pause pour considérer mes mots. « Et pourquoi un immigré comme toi voudrait-il atteindre le sommet ? Tu sais très bien que c’est impossible. » Il avait raison, de ces simples mots il me mettait face à l’évidence, celle que j’avais cherché à esquiver pendant toutes ces années. Pour la première fois de cette journée peu plaisante, je baissais la tête face à l’autorité. Le cœur brisé et la gueule en vrac, il ne restait plus grand-chose de mes œillères protectrices. « Je veux le pouvoir. » Des mots à peine prononcés. « Je veux le pouvoir pour le pouvoir. » Cette fois l’homme émit un rire. « C’est ce qu’ils veulent tous. Le pouvoir, la nourriture, un abri, des enfants. Tout est à ceux qui le méritent, et la plupart de ces rampants sont même trop idiots pour le comprendre. » Oui, le principe même du dôme, la loi du mérite. « Tout ça c’est des conneries ! » Mon ton devenait plus sûr au fil de la conversation. « Personne n’obtient rien avec le mérite, ce ne sont que des jeux de pouvoir. C’est à celui qui sera plus malin que les autres, celui qui ira le plus loin, grimpera le plus haut. » Son rire s’intensifia. « Et qu’est-ce que tu en sais toi, des règles du jeu ? Avec ton insolence et tes manières d’immigré ? Tu n’es rien, il me suffit de faire revenir ces deux imbéciles et ton compte est bon. Tu n’es rien et il en sera toujours ainsi. » Tant bien que mal, je tente de me redresser droit sur ma chaise. « Je sais que je suis prêt à tout. » Il étira un sourire, se baissant à nouveau à ma hauteur pour s’approcher un peu plus près. « Prêt à tout ? » Répéta-t-il avec un étrange ton inquisiteur. Il y a quelque chose de terrifiant dans son souffle, une mauvaise augure dans ses jeunes traits. Pourtant et avec un sursaut dans le cœur, j’ouvre l’une de mes paumes entravée. Un léger heurt fait grincer le sol crasseux, un cylindre de métal minuscule roule entre mes chaussures. L’homme ramasse la balle d'acier avec précautions. Son sourire s’étire de plus belle alors que je scelle mon futur de ces quelques mots : « Prêt au pire. »

Un simple choix, un pacte qui a amené ses conséquences : un trou dans la peau pour un homme qui à défaut d’être complétement innocent ne méritait pas d’être abattu froidement. Et la tour, tout ce que Middas m’avait promit je l’ai obtenu. Tout sauf ce que j’ai toujours rêvé d’avoir, cette chose que je convoitais depuis le début. Un désir qui remonte encore plus dans le temps, au moment précis ou le cours naturel des choses a tout foutu en l’air.

Un soupire lâché après être resté en apnée trop longtemps, la jouissance de reprendre mon souffle sur ses lèvres humides. Ellie est légère dans mes bras endoloris par le travail, du haut de ses dix-huit ans elle n’a plus rien de l’enfant avec laquelle j’ai grandit. Je ne sais pas à quel moment les choses ont changées entre nous, quand sommes nous passés des jeux de rues aux jeux d’adultes. Quand avons-nous cessé de grimper et explorer les ruines du dôme au profit d’une couche partagée et chaude ? Cela n’a pas d’importance au final, c’était sûrement le cours naturel de notre lien. J’embrasse son front avant de la laisser échapper à mon étreinte. « J’ai quelque chose à t’annoncer Bilàl. » Son sourire est radieux et me réchauffe le cœur, ses mots allument pourtant la crainte au creux de mon ventre. Elle ne pouvait pas tomber enceinte, pas maintenant, on avait tout fait avec précautions. Ses doigts effleurent ma joue comme si elle décelait mon trouble et j’en profite pour agripper son poignet et l’attirer de nouveau vers moi. « L’animus Vox m’a choisie ! » Des mots emplit d’une joie auquelle elle ne croit pas elle-même, un petit miracle. Une malédiction. Je cligne plusieurs fois des yeux, j’ai bien entendu mais je n’arrive pas à avaler ses mots, quelque chose coince dans ma gorge et détonne avec le bonheur débordant de celle qui a toujours fait partie de ma vie. « L’Animus Vox t’as choisit ? Comment ça ? » Question stupide, témoignage de la confusion qui lentement s’insinue en moi. « Je vais entrer dans l’Ordre Bilàl ! Ils ont dit que j'étais intelligente, que je pouvais y arriver ! » Rapidement l’enthousiasme de ses traits disparaît, son visage de poupée souriante se délite à la vue de ma paralysie émotionnelle. « Tu n’es pas fier de moi ? » Je ne l’entend même plus, je pense à combien j’ai été stupide, combien avoir cru en des jours meilleur me détruit maintenant le cœur. Ellie va partir, elle va me laisser seul dans ce trou à rats. « Tu peux pas faire ça. » Ses yeux s’agrandissent, elle ne comprend pas. « Qu’est-ce que tu as ? – Tu ne peux pas faire ça ! » Criai-je plus fort, échappant à son contact. « Tu ne peux pas faire ça ! Tu ne peux pas rentrer dans l’ordre ! Pourquoi tu me laisses Ellie ? Pourquoi tu fais ça ? Ils vont t’enfermer dans leur église à la con, je te reverais plus, je pourrais plus être avec toi. Pourquoi tu me fais ça ? On avait dit qu’on resterait ensemble, qu’on s’en foutait de ces conneries ! » Le plus âgé des deux, pourtant à la colère la plus puérile, aux arguments les plus faibles et pitoyables. « Me laisse pas tout seul Ellie, ma vie a pas de sens, t’es la seule à lui en avoir donné. Ma force c’est à toi que je la dois, je veux vivre avec toi Ellie. On se l’était promis, ensemble tout en haut, et peu importe le temps que ça prendrait. » Oui, une promesse d'adolescents plein de bons sentiments, des mots auxquels j'avais voué un culte. Les larmes sur son visage secoué de tremblements, la frénésie de mes gestes a déclenché l’une de ses crises d’asthmes. « C’est… pour nous que je fais ça… Bilàl… Pour nous offrir… une meilleure vie. » Mon cœur se serre un peu plus, pressé dans l’étau d’une situation hors contrôle. « Tu m’as mentit Ellie ! – Il faut arrêter… de rêver… Bilàl. L’ascension… il faut faire des choix… pour avoir ce futur…- Tu dis n’importe quoi ! » La paume de sa main cherche mon torse avec douceur mais tant de tendresse conciliante me révulse et me fait reculer. Elle s’étouffe dans sa peine, le souffle lui manque cruellement. Et la compassion de la voir souffrir m’est tout aussi cruelle quand de ses lèvres sort l’arme ultime : « Je t’aime Bilàl. » Ne dis pas m’aimer alors que tu m’abandonnes, ne prononce pas ces mots. Souvenirs assaillants, de rires et de jeux, d’après-midis à l’ombre de la tour, sur le toit d’un vieux bâtiment désaffecté. A se dire des mots futiles, se raconter des histoires et construire la notre, deux mains jointes qui font des plans sur l’horizon, une promesse que j’étais le seul à avoir sincèrement prononcé. « Tu me dégoutes… » A peine murmurés. « Tu me dégoutes ! » Hurlés à son encontre. « Va te faire foutre Ellie ! J’ai pas besoin de toi, de ta compassion ! Garde-la pour tous les pauvres déchets que l’Ordre te donnera pour aumône ! Garde ta salive pour le jour où tu me supplieras de te pardonner ! Garde ton énergie pour le jour où il te faudra gravir les marches pour arriver à ma hauteur ! J’ai pas besoin de toi, tu verras, j’y serais au sommet de cette putain de tour, sans toi ! Tu n’es rien Ellie ! Tu n’es rien qu’une immigrée ! »

C’est à cet instant, pour la première et dernière fois, que j’ai sentit quelque chose se briser. Quand dans son regard, j’ai vu que de la joie pouvait naitre la colère, et de l’amour la haine. Ce choix n’était pas le mien, mais il allait définir tous les autres. Deux enfants, deux amants, deux âmes qui ne savent se passer l’une de l’autre. Des jeux d'enfants à la cruauté d'adultes, un échiquier géant où tous les coups même les plus durs sont permis. Un petit peu plus en amont dans le temps, on arrive au commencement.

« Qu’est-ce que tu fais là tout seul toi ? – Fiche moi la paix idiote, va jouer avec les autres morveuses de ton âge ! » Les joues gonflées, le nez retroussé d’un courroux innocent, elle ne portait même pas de chaussures et ses pieds rosés disparaissaient sous la saleté. « T’es pas très gentil, je voulais jouer avec toi moi. » Elle ne s’éloigne pourtant pas, s’accroupissant dans la pénombre. « Qu’est-ce que tu fais ? » Répéta-t-elle en s’approchant précautionneusement. « Tu viens d’où ? –T’occupe ! –T’as quel âge ? – Je sais pas ! –Tu sais pas ? – Sept ans ! Je crois… – Ben moi j’ai trois ans ! » Annonça-t-elle toute fière. Elle fronça tout à coups les sourcils. « Pourquoi tu saignes là ? » Elle posa un doigt sur le côté de mon cou que ma main chassa comme un insecte. « C’est rien, c’est juste des numéros qu’ils ont marqués, ça veut pas partir. Alors j’ai essayé de les gratter avec mes ongles, comme quand on récure la saleté, mais ça veut pas partir. Je gratte très fort, j’ai essayé avec du sable, mais ça veut pas partir et ça saigne. Ils ont fait ça parce que je viens pas d’ici, pour marquer que je suis pas du dôme, ils ont dit des choses méchantes. » Elle resta muette un instant, ouvrant et fermant les yeux lentement. Elle prit ma main, et je jure qu’à cet instant ma vie toute entière ne saurait faire autrement que de chavirer au gré des faits et gestes d’Elliott Mattei. Un sourire se planta sur son visage rond, ses petites mains sur mes doigts aux ongles rouges d’hémoglobine caillée. « C’est pas grave si tu viens pas d’ici, toi aussi tu as le droit de jouer. Alors vient jouer avec moi ! »

Le temps de l’innocence, le temps du choix et le temps de la chute. Du haut de la tour à la genèse à ses pieds, chronologie inversée d’une métamorphose. Il a suffit d’un monde injuste, une promesse et d’un cœur brisé pour transformer Bilàl l’immigré en Mr le haut-juge Milošević. J'ai lavé le sang du vieux, j'ai fais briller le sol et effacé la moindre trace. J'ai fais le sale boulot de Middas. J'ai trainé son corps et enfoncé sa tête dans les flammes de la cheminée pour embraser l'appartement, juste assez pour éviter trop de soupçons. Il y avait mille et une manières de tuer un homme efficacement, la blessure par balle n'était pas la plus discrète. Il le savait, il n'en avait rien dit, ce n'était rien qu'un jeu pour lui aussi. Voir ses pions agir, aller jusqu'au bout pour lui puis se faire prendre. Mais je ne connaitrais pas cette fin. J'ai d'autres ambitions et un autre jeu à jouer moi aussi. Ô Ellie, que sommes-nous devenus ? Il a suffit d’ajouter un peu d’incompréhension et de haine, un pacte avec le diable en personne pour que l’histoire prenne un autre chemin. Marionnette à la fois manipulée et manipulant, instrument de desseins bien plus grands. Et ce requiem qui murmurait ses notes sur la mort du vieux gérant des ressources, cette larme sur ta joue et ce mensonge à l’oreille de Trisha, tous ces choix qui ont fait ce que je suis. Un meurtrier. Un immigré. Un amant. Un adultère. Un menteur. Un bourreau. Les pires choses sont faites par amour. Les promesses sont faites pour être futiles, dangereuses sont celles qui trouvent fervent. Je croyais en celle-ci, Ellie.

« Je te promets qu’un jour, on sera ensemble en haut de la tour. »




   
Behind the Character
JUDAS
IRL j'ai ..23 ans.. ans. Je suis là ..tout le temps sauf quand je voyage ou que je croule sous le taff, somme toute logique.. jours par semaine. J'ai connu After Us grâce ..au fait que je l'ai tout bonnement inventé et mis en oeuvre avec l'aide de mes drôles de dames.. et j'utilise ..Fassy Fapy.. comme avatar.

   
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❝ Never regret thy fall, O Icarus of the fearless flight. For the greatest tragedy of them all is never to feel the burning light. ❞

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