Papers please Nom complet : Arcadie Redwood Âge : 22 ans Statut : Célibataire Nationalité : Anglaise, probablement. Groupe & Rang : Wastelanders - Refugees Métier : Éclaireur QualitésCalmeTéméraireDroiteLoyale DéfautsDétachéeDésabuséeParfois méprisante

Depuis quand résidez-vous/n'êtes-vous plus au dôme ?
Le dôme, je n'en connais que l'extérieur. Le colosse de verre et d'acier ne m'a jamais ouvert ses portes, je suis née et j'ai grandi dans ces grandes étendues hostiles que tout le monde cherche à fuir. Lorsqu'on ne connaît que ça, ce n'est pas si terrible. J'imagine qu'il en est autrement pour tous ceux qui, pour une raison ou une autre, ont dû délaisser leur petite vie dans le dôme et retourner vivre au contact de Mère Nature. Ils ne s'en sortent pas tous. Certains se laissent mourir lentement, tandis que d'autres passent le reste de leurs misérables existence à rêver d'un retour au sein du dôme. Autant se laisser crever, non ?
Que pensez-vous du Dôme ?
Si je n'y ai jamais mis les pieds, mes parents, en revanche, y ont séjourné quelques temps. Le tableau qu'ils m'en ont dépeint ne m'a jamais franchement donné envie d'y tenter ma chance. La perspective d'un peu de chaleur et de confort ne parvient pas à balayer ma méfiance à son égard. Je ne comprendrais jamais les wastelanders prêts à tout pour en franchir l'entrée. Tout le monde sait comment les immigrants y sont traités. Franchement, quitte à vivre en paria, autant que ce soit de façon libre dans l’immensité de la Sibérie et non cloîtré dans un bidule en verre, à devoir rendre des comptes à une bande de pète-secs.
Quelle est votre mission au sein de la communauté ?
D'aussi loin que je m'en souvienne, j'ai toujours aimé l'aventure, l'exploration. C'est tout naturellement que j'ai rejoint les rangs des éclaireurs lorsqu'on estima que je pouvais m'assumer seule, sans risque d'être un boulet à traîner sur des kilomètres de neige ou sous un soleil de plomb. J'avais quatorze ans, je crois. Difficile à dire avec exactitude, les années passent et se ressemblent inexorablement, sans amélioration à l'horizon.
Croyez-vous au Dôme et à l'Animus Vox ?
Tout est une question de perspective. Lorsqu'on appartient à la crème de la crème du dôme, ce dernier est une totale réussite. Il leur assure une vie faste et très peu troublée. Les pénuries les effleurent à peine, pourquoi changeraient-ils quoi que ce soit ? En revanche du point de vue de ceux qui contemplent le monstre architectural de loin, les pieds dans la neige, ou de ceux qui l'examinent d'en bas, le ventre vide, on est loin du succès parfait. Cette porte qui reste désespérément fermée depuis plusieurs solstices en est un symptôme criant, non ? Rien dans l'univers n'est éternel, le dôme est voué à s'écrouler, tout comme ses prédécesseurs. Ce n'est qu'une question de temps. Et vous pourrez compter sur moi pour en fouiller les décombres.
Que pensez-vous de l'extérieur ?
Je ne dirais pas que c'est une cure de jouvence d'arpenter les plaines de Sibérie, d'affronter jour après jour les éléments en colère, mais c'est notre lot quotidien alors autant l'accepter et s'adapter. S'accrocher au petits moments de bonheur, tâcher de ne pas devenir fou lors des nuits interminables et glacées qui accompagnent l'hiver. Songer aux étés, plus cléments mais trop brefs. Savourer ces derniers plus que tout. Et recommencer.


Arcadie ne se défait que très rarement de son calme olympien. Quelques clapotis, tout au plus quelques remous, peuvent parfois venir secouer l'inflexibilité de ses traits. Jamais de tempête, la jeune femme laisse ce privilège à la fureur des saisons.
Autant avare sur les mots que sur la démonstration de ses sentiments – si du moins elle en éprouve -, il serait erroné d'y voir là les conséquences d'une quelconque timidité. Non, Arcadie n'est pas timide, et si elle ne semble pas chamboulée par la mort d'un des réfugiés du camp, ce n'est pas qu'elle garde ses émotions pour elle, c'est juste qu'elle n'en a rien à faire. La mort est la seule chose qui attend au tournant de ce long chemin obscure, elle l'a accepté depuis longtemps. Au terme désabusée elle préfère celui de réaliste.
Malgré tout, la jeune femme n'est pas du genre à se laisser abattre. Ce n'est pas parce que l'issue sent la charogne qu'il ne faut pas danser en chemin. Agile et téméraire, cela fait des années qu'elle œuvre pour la survie de son camp en participant aux missions d'exploration, satisfaisant ainsi les besoins primaires des réfugiés et son aversion pour l'immobilité. Ces derniers la décriront sans aucun doute comme une personne droite et de confiance. La loi de la jungle qui règne dans ce monde apocalyptique n'a pas eu raison des valeurs qu'elle estime fondamentales telles que la loyauté et le respect. Seule exception à cette règle, et non des moindres : le mépris que la demoiselle éprouve à l'encontre de tous ceux qui voient dans le dôme la solution miracle pour améliorer leurs tristes existences.



Redwood. L'évocation d'un mal lointain. Pourtant, Arcadie était à peu près certaine qu'il n'y avait là aucun lien avec la mutation qu'avaient connu les arbres il y a de cela bien longtemps, quand tout ne semblait pas encore perdu. Malgré tout, avec un nom comme ça, difficile de se dire qu'on débute la vie sous de bonnes augures.
Redwood. Quelle futilité. La jeune femme n'avait jamais compris l’intérêt des noms de famille. Ça ne réchauffait pas pendant les interminables nuits gelées, et ça remplissait encore moins l'estomac lorsque les temps étaient particulièrement difficiles. C'était juste bon pour les bourges du dôme, pour leur donner un peu de consistance et de prestige. Dehors, ce n'était qu'une ombre fantomatique que l'on traînait en silence.
Redwood. Cela ne lui évoquait rien de plus que les silhouettes confuses de ses parents. Le temps érode la roche et les détails, les visages finissent par se fondre lorsqu'ils ne sont pas immortalisés sur pellicule. Une longue chevelure emmêlée et une barbe rêche ont survécu dix ans dans sa mémoire. Avaient-ils tous les deux les yeux verts ? Quelle importance ?

Victor et Jane sont entrés dans le dôme lorsqu'ils n'étaient que de jeunes enfants. Malheureusement, malgré leurs efforts quotidiens, leur statut d'immigrants ne leur permirent jamais de gravir les échelons de la hiérarchie sociale. Lorsqu'elle tomba enceinte, Jane ne s'affola pas, persuadée que leurs conditions de vie précaires et le taux de fausse couche alarmant n'épargnerait pas l'embryon qu'elle portait en elle. Il faut croire qu'Arcadie savait déjà s'adapter aux environnements hostiles.
Quand le couple comprit qu'ils allaient réellement devenir parents, ils prirent la plus sage décision de leurs vies : celle de quitter le dôme. Loin d'être l'oasis salvatrice tant espérée, la situation empirerait avec l'arrivée d'un nouveau-né et cette stupide taxe imposée par l'Animus Vox. Autant tenter sa chance à l'extérieur. Ils y étaient nés, et même si ils avaient cherché à le fuir, ils savaient qu'il était possible d'y survivre. Le temps érode les détails et adoucit les souvenirs.
L'accouchement se déroula étonnamment bien ; le nourrisson en pleine santé ne sembla pas tenir rigueur du décor apocalyptique, ni du froid mordant. En voyant son petit visage violacé et fripé propre aux nouveaux-nés, la magie de la nature et de ses lois opéra : Secoués d'amour, Jane et Victor, d'ordinaire si résignés, étaient à présent prêts à tout pour leur fille.

Si Arcadie n'en garde qu'un souvenir vague, les années qui suivirent sa naissance fut une longue phase d'initiation à la vie de parfaite sauvageonne. La petite famille avait rapidement rejoint un camp, consciente qu'elle ne pourrait décemment par survivre seule dans les plaines inhospitalières de Sibérie, en proie aux fureurs de Mère Nature et à la folie d'hommes qui ne croient plus en rien. Tandis que la petite fille découvrait l'art subtil de la survie et du système D aux côtés des autres réfugiés, Victor et Jane, eux, le redécouvraient.
Discrets sur le camp, ces derniers se contentaient de se rendre utile là où on avait besoin de bras. Si personne n'eut jamais rien à leur reprocher, ils ne s'illustrèrent dans aucun domaine non plus. Aussi, lorsque Jane fut emportée par la maladie qui la rongeait depuis quelques temps, cela passa presque inaperçu. Seuls Victor et sa fille s'entêtaient à fixer le vide désespérant de son ancien lit de fortune. L'enfant qu'était alors Arcadie parvint, avec le temps, à panser ses plaies, mais ce ne fut jamais le cas de son père. Lui qui ne prenait jamais d'initiative s'était un jour porté volontaire pour partir à la recherche d'un patrouilleur. Une tempête de neige secouait le camp et ses environs et l'homme restait introuvable. De la folie aux yeux de tous, mais Victor insista. A l'aube, le patrouilleur refit surface, mais plus personne ne revit Victor. Après toutes ces années, Arcadie reste persuadée que cette mission de sauvetage n'était qu'un suicide camouflé. Quel culot d'avoir maquillé sa lâcheté en pseudo acte de bravoure. Quel culot de l'avoir plantée là, sans même se retourner tandis qu'il s'avançait dans l'obscurité, emporté par une rafale de neige.

On s'occupa de l'orpheline sans pour autant la surprotéger. Le camp n'était pas une couveuse pour oisillons abandonnés, et Arcadie était loin de ressembler à un petit être chétif. Débrouillarde et pas chiante pour un sou, elle était tolérée par tous, enfant de tout le monde et de personne à la fois.
Très vite, Arcadie demanda à suivre les éclaireurs dans leurs missions. Rester au camp toute la journée à réparer des toitures en tôle ou préparer une bouillie infâme la déprimait. Il lui arrivait souvent de partir seule durant des heures à la recherche de nouveaux horizons, d'empreintes animales à pister ; elle était faite pour ce job, elle ne décevrait pas le groupe, promis. On la crût.

Huit ans plus tard, Arcadie est toujours là, fidèle au camp dans lequel elle a grandi. Certaines têtes sont apparues, remplaçant doucement d'autres âmes malchanceuses, mais la jeune femme les connaît toutes, et tout le monde la connaît. Ce camp, c'est son foyer. Et bien qu'elle n'ira jamais jusqu'à l'appeler « famille », elle s'évertue jour après jour à son bon fonctionnement et à sa sérénité relative.

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