Je rentre furtivement par la porte de derrière, me faufilant comme si de rien était. Je n'ai pas pour habitude de porter une capuche pour couvrir mon visage, mes cheveux le font très bien. Porter une capuche et baisser la tête ne peut être qu'attirant. Je faisais tout pour ressembler à un immigrant lambda, alors que je suis loin d'en être un. J'ai mis toute cette vie derrière moi, le numéro à ma nuque n'existe plus, seul un phœnix le remplace. Pour moi, cet oiseau prend tout son sens, il a une signification profonde, mais personne ne me connaît assez bien pour comprendre, pas même cette personne qui m'avait prise sous son toit, me faisant passé pour un membre de sa famille alors que ce n'était pas du tout le cas. Je lui donnais de l'argent pour compenser ma présence, même si cela lui importait peu. Il y avait encore des gens qui n'étaient pas tout à fait rentré dans le moule, qui se posaient des questions. Je devais trouver ces personnes, et même s'il y en avait au sein de la fraternité que j'avais rejointe, je trouvais que beaucoup trop de personnes restaient passives. Combien étions-nous au sein de Cerberus ? Nombreux. Si tous se soulevaient, le High Ground ne ferait pas long feu. Même si j'ai aussi un brin d'animosité envers l'Animus Vox, le premier sur ma liste reste cette tour et les gens qui y résident. Surtout une personne en particulier... si je pouvais la faire souffrir autant que moi, par sa faute, je serais comblée. La vengeance est un plat qui se mange froid, pour ma part, il va être brûlant. Car je ne vois que ce but final, en plus de pouvoir donner à tout le monde ce que nous aurions déjà dû avoir. L'équité.

Nous échangions rapidement quelques mots, je finissais de manger avant de repartir. J'avais en effet un rendez-vous avec quelqu'un qui pourrait me donner un nom que j'attendais depuis un moment. Il me fallait un contact au sein d'un atelier, mais pas n'importe lequel. J'avais besoin d'un ferronnier pour fabriquer certaines choses, certaines demandes que l'on me faisait. Mais il fallait que j'y aille prudemment, le trafic était interdit, et encore plus lorsqu'il s'agissait d'arme blanche. Je m'étais dit que je n'allais pas rentrer dans le vif du sujet tout de suite, ne connaissant pas personnellement cette personne, il fallait que j'y aille le plus posément et sûrement possible. Mon contact me donna le nom, un certain Leonidas, ainsi qu'une brève description physique et le fait qu'il avait un signe distinctif pour le reconnaître. Un tatouage en forme de serpent sur son avant-bras. Heureuse de ces informations précises – car il faut le reconnaître, je suis assez exigeante – j'use de mes capacités et de mon habitude pour passer dans le quartier d'Arcadia. Parfois, ça loupe et je suis obligée de reporter, changer mon emploi du temps. Mais pas cette fois-ci, tout roule parfaitement bien. Je traverse Emporia avant d'arriver au quartier souhaité et à l'endroit qui m'amenait en ces lieux. J'évitais comme toujours les artères principales pour trouver les ateliers. C'était tout un système, tout un coin aménager pour cela. Et des idées me venaient tout à coup en tête, concernant certaines usines qui étaient sans doute indispensable pour le bien du Dôme. Je gardais de côté mes idées, puis me dirigeais vers un atelier en particulier. J'attendis patiemment alors que j'avais l'air d'avoir trouvé mon fameux contact. Il correspondait à la description, l'ayant observé brièvement, mais j'attendais que deux personnes sortent pour qu'il se retrouve seul, avant de me faufiler.

J'arrivais derrière lui sans un bruit, approchais mon visage de son oreille gauche avant de lui souffler quelques mots. « Je n'ai pas trop de temps devant moi, alors allons à l'essentiel. Puisque plus personne ne fait les choses gratuitement, que voudrais-tu en échange de ce que je te demanderai ? »