Tu ressembles à un fantôme de mon passé...
Julianne avait mal dans tout son corps, mais le pire était sa tête. Sans compter bien sur son amour propre. La jeune femme n’avait jamais eu une grande estime d’elle-même. Elle ne prétendait pas être au dessus des autres, ou être meilleur. Elle souhaitait juste être reconnu pour ce qu’elle savait faire. Et le fait d’entendre quelqu’un la traiter d’incompétente en ce qui concernait son travail avait le don de la mettre en rage. Elle savait faire son job, et elle était douée pour ça. Sa vivacité d’esprit et son esprit inventif l’aidait à trouver les solutions là ou d’autres ne voyaient que des problèmes sans issues. Niles était allé trop loin, et elle savait que cette histoire n’était pas terminée. Lorsqu’elle retournerait sur le terrain demain, il faudrait qu’elle lui fasse à nouveau front. La seule chose qu’elle pouvait espérer était que son supérieur les éloignes le plus possible l’un de l’autre afin que le confit le refasse pas surface.
La jeune femme lança un regard en direction d’Edern, et elle haussa les sourcils en entendant sa réflexion. Ils trouvaient que les choses s’étaient arrangées ? Parce que de son côté, elle ne souhaitait toujours pas parler avec lui. Son opinion à son sujet n’avait pas changé. Il avait même sans doute aggravé son cas ! Elle détourna à nouveau les yeux, ne préférant même pas répondre à ça, surtout après avoir vu le sourire en coin qu’il venait de lui adresser. Elle n’avait pas vraiment envie de rire de la situation. Mais en l’entendant soupirer, elle le regarda à nouveau. Ce qu’il ajouta ne la fit pas rire non plus. Elle avait bien saisit le sous entendu de ses paroles et elle n’avait pas la moindre envie de revenir sur leurs passé commun. Passé qu’elle préférait oublier. Rayer de sa mémoire. Cela irrité d’ailleurs la jeune femme qu’il ose parler de ça après ce qu’il lui avait fait. Ça le faisait rire ? Pas elle. Même si le sujet n’était pas vraiment douloureux, c’était un passage sensible de la vie de Julianne et en parler avec le principal acteur ne lui plaisait pas vraiment. De plus pourquoi en parler maintenant alors qu’il n’avait jamais eut le courage de venir lui parler à l’époque.
Elle ne le regarda pas se lever. Au contraire s’il lui laissait plus d’espace cela lui allait très bien ! Elle ne leva pas non plus les yeux en entendant les conseils qu’il lui donna. Elle n’avait pas besoin de leçon de moral. Comme si c’était de la chance d’être tombé sur lui ! Ça c’était drôle par contre ! Mais lorsqu’il reprit à nouveau la parole, elle leva enfin les yeux sur lui. A nouveau il employait ce ton presque bienveillant pour elle, et elle ne cessait de ce dire que ça sonnait faux dans sa bouche. Depuis quand se souciait-elle de ce qu’elle devenait ? Ou de ce qu’elle pouvait devenir ?
Construire un rempart ? Il était déjà construit depuis bien longtemps… Il était juste en train de céder peu à peu. Plus les jours passaient et plus elle ne supportait plus rien. Tout devenait oppressant. Elle avait l’impression d’étouffer ici. Mais à qui l’avouer ? Lui ? Comme s’il pouvait être capable de comprendre quoi que se soit à ce qu’elle ressentait, lui qui avait voué sa vie au Dome tout en reniant tout ce qu’il était au fond de lui. Elle se contenta de répliquer avant de détourner à nouveau le regard :
« -ne te mêle pas de ma vie Edern. Tu l’as quitté il y a bien trop longtemps pour avoir le droit de me donner le moindre conseil. » Le sous entendu était clair ainsi que le message qu’elle voulait lui faire passer. Elle n’avait pas besoin de lui dans sa vie. Il ne la connaissait pas. Si ça avait été le cas, il n’aurait pas dit cela. Elle ne souhaitait pas changer de métier ni de classe sociale. Elle voulait changer d’air ! Tout simplement. Elle ajouta tout de même :
« -de plus tu ne connais rien de ma vie, de mes envies, de mes désirs ou encore de mes ambitions. Alors garde tes belles paroles pour toi. » Merci bien et adieu aurait très bien pu conclure tout ça. A nouveau pourtant il sembla vouloir la protéger d’elle-même. La mettre en garde contre ce qui pourrait lui arriver s’il n’était pas là pour assurer ses arrières. Jusqu’à aujourd’hui, elle s’en était très bien sortie sans lui. Restant de marbre face à ce qu’il venait de dire, elle ne tourna pas la tête dans sa direction comme pour lui dire qu’il pouvait toujours parler, cela ne l’atteignait pas.
Ce ne fut que lorsqu’elle entendit le son de ses pas s’atténuer dans le couloir qu’elle bougea enfin la tête. Le silence envahit l’espace, et elle fut parcourue d’un frisson. Un froncement de sourcils… Il la laissait vraiment partir ? Elle était libre de rentrer chez elle ? Pourtant il n’avait pas eut les réponses à ses questions. Enfin, elle cligna des yeux comme pour se réveiller. Pourquoi se poser ce genre de question, si elle était libre de rentrer enfin chez elle.
Ce fut avec lenteur qu’elle posa les pieds sur le sol, et qu’elle se mit debout. Une main contre le mur pour éviter de chuter sous un vertige, puis elle trouva la force nécessaire pour quitter enfin cet endroit. La route pour rentrer chez elle lui sembla interminable et elle cru tomber bien plus d’une fois. Ce fut à bout de force qu’elle avait enfin rejoint la maison dans laquelle elle habitait. Prenant garde de ne pas réveiller les autres habitants de la petite demeure, elle s’était refugiée dans sa chambre, et s’était effondré dans son hamac, morte de fatigue. Demain était un autre jour…